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DARIA

écrit par Alexandre Boritchev

Daria. 5 saisons d'une quinzaine d'épisodes chacun. 20 minutes par épisode. Et deux films en bonus. Format classique, donc. Dessin animé américain.

Série née comme un spin-off de "Beavis et Butthead" (où le personnage titre ne jouait cependant qu'un rôle minimal), une série sur deux mecs complètement décérébrés qui passe sur MTV. Le concept est assez machiavélique, connaissant MTV : attirer les gens n'aimant pas la chaîne en montrant que celle-ci est aussi capable de porter un regard ironique sur elle-même.

Et donc cette fille : Daria. Vêtements avec une absence totale de style, incapacité de sourire mais surtout grosses lunettes. Et sans avoir peur de vous gâcher le plaisir, je peux déjà définir en une phrase le concept Daria : un manque d'enthousiasme pour quoi que ce soit à part la stupidité des gens (son émission préférée est "Triste monde cruel"). Il faut remarquer que la série est américaine, et ce manque d'enthousiasme passe très mal aux USA (sauf si votre meilleur pote est Lou Reed, et encore...). Ainsi, au royaume des "Fantastic!", Daria Morgendorfer détonne. Cette fille est tout sauf "cute". Malheureusement, je suis sûr qu'elle détesterait les pandas roux.

Niveau dessin, du très classique (même si la palette est plus "sèche" que par exemple dans les Simpson ou South Park).

Je pourrais vous parler longuement des personnages : la soeur superficielle, la mère qui passe ses journées au travail, le père traumatisé, l'amie artiste Jane ; ou encore la belle brochette de profs du lycée — vétéran de guerre, mec "new age", femme castratrice, directrice cynique... Et la non moins belle brochette d'élèves — le club de mode, les pom-pom girls, footballeurs américains, le pervers Charles Ruttheimer III, ou encore la petite lueur d'espoir Jodie (on reviendra sur ce personnage).

Mais je préfère mentionner deux petits détails. Déjà, un détail artistique : dans le générique de fin, on montre les personnages déguisés en n'importe quoi de manière absurde ; ça paye pas de mine mais ça fait un petit rituel. Ensuite, le poster Kafka chez Daria (seul élément — avec la télévision — dont je puisse me rappeler dans la décoration de sa chambre). En effet, Daria n'est pas une nihiliste qui se fiche de l'école, mais au contraire une élève arrogante qui lit beaucoup et obtient de bons résultats sans efforts. Il n'y a qu'une seule autre bonne élève à l'école — Jodie, la "fille noire parfaite", un personnage très intéressant et l'une des rares que Daria respecte. Un autre personnage emblématique de la série est Trent, le frère de Jane, qui ne fait rien de ses journées à part s'adonner à de vagues projets musicaux avec son groupe "Spirale Mystique". Là encore, cela ne paye pas de mine, mais il se révélera très important...

Niveau cynisme, c'est moins loufoque que "Family Guy", "Les Simpson" ou "American Dad". Mais je trouve que cela rend la série d'autant plus intéressante et réaliste. Les dialogues sont extrêmement travaillés. Si cela n'est pas surprenant pour un personnage intellectuel comme Daria, il est remarquable qu'il y ait un vrai travail pour les personnages qui peuvent paraître simplistes, comme le couple quaterback (poste star du football américain) Kevin / pom-pom girl Brittany. Finalement, même si le cynisme de Daria demeure toujours, il y a une évolution du personnage (et aussi de quelques autres dont le caractère devient plus nuancé). Même si les filles ont le rôle le plus important dans cette série, ce n'est surtout pas une série pour les filles : lorsqu'on parle de clubs de mode ou de demoiselles d'honneur, le second degré est plus que présent, donc ça ne paraîtra pas envahissant aux êtres de sexe masculin ou à tout autre individu que ces choses-là ne passionnent pas.

Pour finir, si vous voulez mettre une dose de sel sur le "American way of life", cette série vous plaira. Elle couvre un champ très large de la vie américaine — les personnages vont du vendeur automobile véreux au président d'université. Et encore une fois, c'est cynique mais il y a quand même de l'évolution dans les personnages — donc vous ne finirez pas complètement blasés de la vie comme la Daria du début !

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