DRAGONS
écrit par Maria Tchernaya
Tada ! Et oui, après du cinéma obscur (que ce soit par les thèmes ou par la renommée), du cinéma tout nouveau, du cinéma à nous, du cinéma de science fiction diverse et variée voici...du cinéma "mainstream", du pour enfant, du sponsorisé pop-corn, glace et pâte à tartiner à la cuillère à soupe, j'ai nommé..."Dragons" !
Film d'animation en 3D, sorti en 2009 des studios "DreamWorks Animation" sous le titre, en version originale, de "How To Train Your Dragon", "Dragons" est, avant tout, un film pour enfants. Mais comme on l'est tous encore au fond de nous (si si, faut creuser...creuse...creuse encore ! Cela dit, ça, ça vient d'un tout autre dessin animé, on s'égare), j'ose espérer pouvoir vous convaincre...
I. Il était une fois...
...Un village de Vikings. Les Vikings sont virils, poilus, forts, et combattent des dragons, qui sont dangereux, volants, et incendiaires. Ce village a un chef, et ce chef, un fils, Harold, ne ressemblant en rien aux Vikings du village. Voulant pallier son manque de carrure physique, il construit une machine destinée à tuer les dragons à sa place. Lors d'une attaque de dragons, Harold actionne son invention, et touche un des dragons réputés pour être les plus dangereux de tous : une Furie Nocturne. Celui ci s'échoue à l'écart du village; déterminé à montrer à tous sa valeur guerrière, Harold part à sa recherche; mais en retrouvant son trophée, il ne peut se résoudre à l'achever, et le relâche.
En tentant de ne pas dévoiler l'intrigue ô combien palpitante qui suit cette exposition, voici tout de même une tentative de commentaire de l'histoire et de l'aspect général du film.
Les thèmes abordés sont relativement "basiques" : l'amitié, l'acceptation de l'autre avec ses différences, la remise en cause d'idées préconçues; cependant, le film ne se focalise pas sur sa fonction moralisatrice, et dilue, en bon conte, ses leçons dans les aventures du héros. Et dans l'univers épique au possible dans lequel celui ci évolue ! Favorisé par l'utilisation de la 3D, le film regorge de paysages magnifiques, mis en valeur par les scènes de vol à dos de dragon, finement soulignées par la musique de John Powell.
De plus, qui dit "Dragons", dit ... dragons. Jusque là, rien d'inattendu; mais ces dragons là sont détaillés : il en existe plusieurs classes, avec pour chacune, son caractère, son physique, et sa dangerosité. On notera, exemple parmis les autres, le Dragon Vipère, crachant du magnésium pur et possédant, sur sa queue, des pics rétractables et projettables. Petit bémol cela dit...ces dragons là ne sont pas...beaux. Ils sont présentés comme dangereux, on n'a pas envie de se retrouver seul avec eux, mais ils n'ont rien de majestueux. Le but étant, à mon sens, de les rendre plus attachants; cependant, le dragon principal, auquel on s'attache le plus, n'est absolument pas repoussant, et arbore en prime de jolis yeux de chat.
II. Pendant ce temps, de l'autre côté du miroir...
La réalisation, les secrets du tournage, plein de petites choses succulentes ! En fouillant un peu pour préparer cet écrit (parce que oui, ce fut préparé !), je suis tombée sur quelques détails qui ont donné une nouvelle dimension au regard (déjà bien favorable) que je portais sur ce film.
- Les prénoms : bien que l'on ne soit pas dans Matrix, ils ont un sens et sont travaillés ! En version originale, Harold s'appelle Hiccup, qui se traduit par Hoquet : on notera tout la virilité vikinguesque de ce nom...le dragon principal s'appelle Krokmou (Toothless, "édenté" en V.O), car il a des dents rétractables; deux camarades de "classe" de Harold, jumeaux, s'appellent Kranedur et Kognedur...
- La musique : pour orchestre ! Des percussions, des instruments à cordes, le tout dans les meilleures traditions du grand spectacle, avec le petit plus écossais/irlandais : des tin whistle (sorte de flûte droite en métal) et bien sûr de la cornemuse ! La musique suit l'ambiance du film, que la scène soit contemplative ("This is Berk") ou pleine d'action ("Focus, Hiccup !").
- Les paysages : du village des Vikings à l'île des dragons, les vues sont magnifiques; le mérite en revient, d'une part, à la réalisation (les réalisateurs ayant travaillé avec des spécialistes de la prise de vue réelle), et d'autre part à des lieux géographiques bien existants : notamment, des plages de la côte ouest des Etats-Unis. L'idée d'une île volcanique, habitat des dragons, est venue d'une synthèse de tous les mythes les concernant : en effet, les dragons étant intimement liés, dans l'imaginaire collectif, au feu, aux flammes, à la fumée et à l'aridité générale, le choix de leur lieu de vie s'imposait par lui même.
- L'animation : les personnages sont des Vikings. Et les Vikings, ça a des barbes, tout ce qui n'est pas barbe ou autre végétation est couvert, et même ce qui couvre a parfois des poils (peau de bête oblige). Deux problèmes à résoudre du coup ! D'une part, la difficulté d'animation des fourrures (poils par poils...!); d'autre part, la transcription des émotions. Parce qu'un visage couvert sur sa moitié supérieure par un casque, et inférieure par une barbe, ça ne se laisse pas lire très facilement. Alors, quelle solution adopter ? Observer les barbus réels ! Et les barbus réels, logiquement, c'est Gimli du Seigneur des Anneaux.
Tada ! Et oui, après du cinéma obscur, du cinéma pour enfants. Et alors ? Alors, cela manque peut être de profondeur et de message originalement-philosophico-obscur sur la déchéance de la race humaine. Cependant, c'est à mon sens un très bon représentant du cinéma en ce qu'il a de divertissant, réjouissant et optimiste; et c'est là, pour moi, ce qui fait de ce film un film dont je vous conseille le visionnage.