THE LONE RANGER
écrit par Benjamin Reis
« Lone Ranger » est un long métrage réalisé en 2013, adapté d’une série télé des années 50, elle-même adaptée d’une série radiophonique des années 30. L’histoire se passe dans le Far West ; on y suit Tonto, un guerrier indien à la poursuite d’un démon de la cupidité, et John Ried, un justicier masqué, ex-représentant de la Loi. Nos deux héros vont devoir faire face à la soif d’argent des hommes blancs.
Ce film a failli ne pas être produit pour cause de désaccord entre son réalisateur et Disney à la production. C’est grâce à Johnny Depp qui a appuyé Verbinski que ce film a pu voir le jour.
LE REALISATEUR
Gore Verbinski est un réalisateur touche-à-tout ; il s’est fait connaître en réalisant le remake américain de « Ring ». Puis il a réalisé pour Disney les trois premiers « Pirates des caraïbes », et s’est attaqué au film d’animation avec « Rango ». Il retrouve pour « Lone Ranger » Johnny Depp, qu’il avait dirigé dans « Pirates des Caraïbes » et « Rango ».
Ses personnages marginaux sont la « patte » de ce réalisateur : Gore Verbinski aime les caractères étranges (Jack Sparrow, 80% des personnages de « Rango », etc…) et les intègre autant que possible à ses trames narratives.
LA REALISATION
La mise en scène de Gore Verbinski est quelque peu hybride, il alterne plans classiques et impersonnels avec des élans de virtuosité surprenants, ce qui crée constamment des effets de surprise, car chaque plan virtuose est mis en valeur par le classicisme du précédent. Ce contraste est particulièrement notable dans « The Lone Ranger » puisque le film enchaîne plan hommage au western spaghetti et plan d’une inventivité folle.
Mais la mise en scène de ce film brille surtout par son découpage et sa clarté : même lors de scènes compliquées et fouillis (la dernière demi-heure est absolument folle), on sait où, avec qui et ce qu’il se passe — fait rarissime de nos jours où le surdécoupage rend la plus banale des actions illisibles.
LE SCENARIO
La trame narrative est particulière : le film est un flash-back raconté par un vieux Tonto à un enfant. De ce parti pris, le réalisateur peut ainsi justifier quelques facilités et incohérences de récit ET en faire des blagues. Ce film est en fait une montagne russe et se revendique comme telle. Les scènes s’enchaînent à une vitesse folle et les retournements de situation également. Mais le film n’est jamais indigeste car Gore Verbinski dose à la perfection action, épique et humour (comme dans « Pirates des Caraïbes »). La critique de la cupidité humaine est cependant grossière et les relations hommes blancs/Commanches trop peu exploitées. Il faut saluer le courage du réalisateur de faire un blockbuster aussi peu commun (au niveau du rythme et de la violence de certaines scènes) avec Disney sur le dos.
LES ACTEURS
Les acteurs sont tous excellents et les seconds rôles très bons et peu connus. Johnny Depp joue le fou à merveille comme à son habitude, Armie Hammer est très crédible en héros masqué et le duo comique fonctionne plutôt bien. Helena Bonham Carter (Gore Verbinski essaierait de devenir Burton ?!) est divine en maquerelle unijambiste. Et William Fichtner incarne à merveille (comme toujours) le bad guy anthropophage. Toutefois les personnages, s'ils sont bien écrits, ressemblent un peu (trop ?) à ceux de « Pirates des Caraïbes » (notamment Tonto). Et le neveu et la belle sœur du Lone Ranger sont des têtes à claques ! (En même temps, ce sont des personnages clichés de Disney…)
LA MUSIQUE
La musique du film est à l’image de la mise en scène : simple et efficace par moment, référencée et parfois folle et surprenante (encore une fois, la dernière demi-heure !!).
Mais globalement la musique souligne bien chaque scène et reste assez discrète. Elle n'a pas l’envergure des partitions de Hans Zimmer.
Pour conclure, « Lone Ranger » est un très bon film qui ne mérite pas son échec commercial au box office. Espérons que comme John Carter il se rattrapera sur les marchés de la VOD et du DVD car ce film mérite d’être un succès. Pas uniquement parce que c’est un bon film mais parce que réaliser un film de cette envergure qui ne soit pas un remake ou une suite etc… est un pari risqué, qui doit être encouragé si l’on veut que le cinéma se renouvelle. Et également car c’est un film irrévérencieux estampillé Disney (miracle ?).
Ce film montre qu’on peut faire un blockbuster personnel et intelligent, et qu’être réalisateur c’est savoir imposer ses choix artistiques.