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MATRIX

écrit par Merry Pendragon

"Matrix" est un film de science fiction réalisé par la fratrie Wachowski et projeté pour la première fois en salle en 1999. L’histoire se déroule environ 200 ans après la sortie du film, dans un univers à l’ambiance très inspiré du cyberpunk (la société est très avancée technologiquement, mais l’ambiance est sombre, presque angoissante, lugubre). Un hacker, Thomas Anderson aka Neo se fait contacter par un criminel (informatique) caché sous le nom de Morpheus. En le suivant, Neo accepte de bouleverser sa vision du monde et ses croyances pour tenter de libérer l’humanité.

Ce film ne se démarque pas par sa capacité à combler les fantasmes des nerds et à faire rêver les geeks qui peuplent internet : les Wachowski nous offrent à la fois un spectacle époustouflant et une réflexion profonde sur l’existence.

 



I. Considérations prosaïques : la technique à l’état pur

Le premier point qui retient mon attention est le montage, sur le plan visuel mais aussi au niveau de labande son. Le découpage souligne avec finesse l’intensité des scènes, les réactions des personnages, les rebondissements dans l’action. Je vous propose d’admirer par vous même plutôt que de vous contenter de mes maigres connaissances à ce sujet.
Ensuite viennent les effets spéciaux. Tout d’abord, le slow motion, ralenti cinématographique, qui peut paraître anecdotique aujourd’hui, mais dont l’utilisation donne énormément d’ampleur et de fluidité aux différentes scènes d’actions. On peut vraiment profiter des chorégraphies et des plans sans être brusqué par les mouvements de caméra. 
Le plus marquant reste le Bullet Time, effet donnant l’impression de figer la scène pour déplacer la caméra. En pratique, une photo est prise par une succession d’appareils au même instant. Au montage, ces images qui s’enchaînent rendent un film de la scène "mise sur pause". Le rendu est très impressionnant et plonge les spectateurs au coeur de l’action.

 


II. Symboles et pensée

Si ce film est un bijou technique, il n’en est pas moins chargé de détails qui évoquent divers univers et de nombreuses cultures.
Une des références immanquable est celle à "Alice au pays des merveilles". Les réalisateurs effectuent un parallèle entre la chute d’Alice dans le terrier et la prise de conscience du héros. On retrouve également l’influence des animés japonais : les caractères défilant sont en grande partie constitués de symboles japonais inversés, et le générique est inspiré de celui de "Ghost in the Shell". Ces animés sont source de l’ambiance Cyberpunk qui confère au film son aura particulière. Apparaissent aussi des références bibliques (Trinity), judaïques (Sion), hébraïques (Nebuchadnezzar), et mythologiques (l’Oracle). 
Dans Matrix, les noms sont porteurs de sens. En ce qui concerne le personnage de l’Oracle, elle agit effectivement comme l’antique Oracle grec : ses paroles portent un sens qui pousse les gens à agir, et à concrétiser les prophéties. Néo porte également bien son nom : il est anagramme de One (l’Elu) mais également de Noe (le sauveur de l’humanité qui brave le déluge) ; on pourrait également penser à lui comme Néophyte. Morpheus lui, tire son origine du dieu des songes et du sommeil Morphée. Au début, il est maître de la réalité, il sait distinguer le monde onirique du monde physique. Il est charger de réveiller Neo (et en plus, il nous fait rêver !).
Enfin cette histoire porte une véritable reflexion philosophique sur la thématique de l’existence. Il y a la difficulté à saisir le concept de réalité, à atteindre effectivement cette réalité. Notons que le jeu avec les reflexions dans les verres, les miroirs, accentue cette impression de réalité diverse et fractionnée. Deux reflets correspondent à deux possibles. On pourrait facilement penser à la théorie cartésienne qui remet en cause toutes nos certitudes pour atteindre le concept d’existence. En allant plus loin, on se trouve confronté au problème du choix et de la destinée. Neo doit trouver son chemin (the Path), et l’Oracle le guide presque implacablement. Le chemin est-il tracé ? Tous les possibles sont-ils accessibles ? Peut-on seulement faire marche arrière ou doit-on fatalement assumer la conséquence de ses actes ? Je vous laisse choisir votre pillule.

 



Les Wachowski présentent un film riche : un excellent rendu visuel vecteur de réflexion. Ces quelques éléments d’analyse ne permettent pas de détailler une pensée philosophique, mais vous aideront j'espère à profiter pleinement de cette oeuvre, et à prendre conscience de ses facettes cachées.

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